Rien ne s’oppose à la nuit
Delphine De Vigan
Aux éditions Le Livre de Poche, Janvier 2013 |
Mon
avis : J’ai mis beaucoup de
temps à me lancer dans ce livre dont le succès est aujourd’hui plus que
confirmé. Je ne pense pas avoir lu une seule critique négative à propos de
" Rien ne s’oppose à la nuit". J’avais donc deux interrogations à
savoir serai-je déçue et est-ce que je pouvais trouver de l'intérêt à pénétrer
dans l’intimité d’une famille sans me lasser.
Delphine De Vigan rend hommage à sa mère, Lucile Poirier, dans cet
ouvrage remarquable. Elle nous raconte sa mère avec son regard d’adulte et ses
souvenirs d’enfances mais aussi grâce aux nombreux témoignages et anecdotes
recueillies par les frères et sœurs de Lucile et de Manon la petite sœur de
Delphine. Elle se sert aussi des vieux reportages sur cassettes audio, vidéos
et écrits conservés et retrouvés. L’auteur(e)
nous retranscrit avec ses mots, Lucile, sa mère morte à l’âge de 61 ans et nous
fait partager ses émotions propres. Elle nous raconte ses cauchemars, ses
difficultés à poursuivre jusqu'au bout son récit et pourtant ce sentiment
absolu qu’elle doit mener, ce travail périlleux et difficile, à son terme.
Delphine De Vigan aborde des sujets graves comme la maladie de sa
mère : la bipolarité, le suicide qui frappe certains membres de la famille,
l’anorexie dans laquelle l’auteur(e) subira les effets dévastateurs proches de
la mort et la zone d’ombre de l’inceste et du viol.
L’auteur nous dévoile au fil des pages les joies que sa mère a pu
connaître, ses lieux favoris comme la maison familiale de Pierremont et les
secrets de la famille si lourds à porter, ses malédictions et le mystère qui
plane au-dessus de certaines personnes et d’un fameux pacte.
Une fois le livre terminé je me suis demandée comment les autres membres
de sa famille l’ont accueilli. C’est un témoignage dur par les vérités qu’il
contient. J’ai pensé en particulier à la sœur et aux enfants de l’auteur(e).
L’écriture
de Delphine De Vigan est un pur régal, ainsi que son style, son honnêteté, la
manière dont elle partage avec nous ses angoisses. Je me suis beaucoup attachée
« au personnage » de sa mère, Lucile, tendre et torturée à la fois.
En bref, j’ai trouvé ce récit bouleversant, triste mais rempli d’amour.
Le travail de l’auteur(e) est affolant et sublime. Une fois entré dans la vie
de la famille Poirier, on ne peut plus en sortir, elle passionne. Si vous ne l’avez
pas déjà lu, n’hésitez plus.
5/5
« Des années plus tard, sa mère raconterait cette
attraction que Lucile exerçait sur les gens, ce mélange de beauté et d’absence,
cette façon qu’elle avait de soutenir le regard, perdue dans ses
pensées. »
« L'écriture ne peut rien. Tout au plus permet-elle
de poser les questions et d'interroger la mémoire. »
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