ANNICK COJEAN
LES PROIES
Dans le
Harem de Khadafi
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Aux éditions Grasset, 2012 |
C'est sans doute le dernier secret de
Khadafi. Et le plus scandaleux. En novembre 2011, Annick Cojean publiait
dans Le Monde un article terrifiant. Une jeune femme y racontait
comment l'année de ses 15 ans, le Guide libyen la repérait dans son école, lui
caressait les cheveux, et la désignait ainsi à ses gardes comme son esclave
sexuelle à vie.
Violée, battue, forcée par son maître à consommer avec lui
alcool et cocaïne, et intégrée dans les troupes des «Amazones», elle ne pourra
s'échapper de cet enfer que peu avant la Révolution. Une vie brisée.
Une seule ? Non, des centaines, sans doute
plus. Mais le sujet, en Libye, reste totalement tabou. Dans les coulisses d'une
dictature, dans le lit d'un chef d'Etat drogué en permanence, tyran d'opérette
mais vrai meurtrier, nous plongeons dans un système d'esclavagisme, entre corruption,
terreur, viols, crimes.
Un système aux complicités multiples, bien au-delà du
seul territoire libyen. Pour recueillir l'incroyable histoire de la jeune
Soraya et d'autres femmes révoltées, Annick Cojean a mené secrètement l'enquête
à Tripoli, cette prison à ciel ouvert.
Mon
avis : Ce livre est
un trésor. Un trésor pour son témoignage grave et préoccupant et parce qu’il a
été écrit avec justesse et intelligence. Il est composé de deux parties.
La première nous révèle le supplice d’une
jeune femme Libyenne appelée Soraya. Dès
les premières lignes on s’attache à elle sans réserve. Sa descente aux enfers
commence lorsqu’elle est enlevée très jeune à sa famille par le Guide
« Khadafi ». Elle était destinée à une vie heureuse et pourtant elle
sera souillée et traitée comme une esclave par l’homme qui prône au même
moment, dans ses discours politique, la liberté et le respect de la femme en Libye. De la
poudre aux yeux que ces jeunes filles, qu’il repère et enlève, vont payer
très cher et pour qui personne n’aura n'y égard n'y pitié. Entouré par sa célèbre colonie
militaire féminine, appelée « les amazones » par les médias, Khadafi
« promène » en réalité ses esclaves sous les yeux des plus grands
dirigeants du monde. Mais personne ne dit rien, personne ne fait rien. Soraya nous raconte son quotidien malsain et terrifiant.
La seconde partie relate l’enquête d’Annick
Cojean, qui s’est avérée périlleuse dans une Libye en proie au mutisme. A travers
cette enquête on plonge dans l’environnement dans lequel a évolué Soraya et on
découvre les coulisses d’une dictature sans limite.
Annick Cojean, journaliste d’investigation,
s'est armée de courage pour entendre, vivre et requérir ce témoignage authentique,
bouleversant et débordant de souffrance. Mais également d’audace et de
témérité pour aborder un sujet qui dérange et que tout le monde tait. Un livre
émouvant où l’on est amené à s’interroger et regarder un peu mieux le monde qui
nous entoure.
à lire absolument !
« Coupables d'avoir été victimes »
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